top of page

Mémoire ...

Quelques mots sur l'histoire de nos établissements

et des personnages qui leurs ont donné leur nom ...

Lycée Anatole Le Braz ... puis Collège !

Vieux lycée.jpg

   Le premier collège, « collège du paradis », est créé en 1604 (Henri IV est alors roi de France). Il est situé à l’emplacement de l’actuel musée de Saint Brieuc rue de Paradis d'où son nom.

   En 1792, durant la Révolution, le collège qui doit s’agrandir, s’installe aux Cordeliers, lieu même du collège actuel, où existe l’espace nécessaire à la construction.

  Il est successivement appelé collège municipal (1799), collège communal (1803 – Napoléon Bonaparte est alors 1er Consul), école secondaire (1811 – Napoléon 1er est Empereur), puis collège royal en 1847.

   Après la Révolution de 1848, la Seconde République décide de le transformer en lycée : la première pierre est posée en 1849, la première rentrée a lieu en 1852.

   Sous le Second Empire, le lycée est appelé lycée impérial.

   Durant la « Grande Guerre » en 1914 -1918, les bâtiments accueillent un hôpital.

   C’est en 1929 que le lycée prend le nom de l’écrivain Anatole Le Braz. Il y fut élève de 1871 à 1878.

  Durant la Seconde Guerre Mondiale, l’armée allemande s’installe dans les bâtiments. Des professeurs et des lycéens résistent à l’occupant et à la libération, une partie des locaux est incendiée et éventrée par l’explosion des munitions entreposées par les allemands en 1944.

   En 1967, le lycée est transformé en collège.

   Un musée est inauguré le 11 juin 1983. On y découvre de nombreux témoignages de la longue histoire du collège.

Lycée Ernest Renan

Renan perspective.jpg

   L'histoire du lycée est liée au développement de l'enseignement pour les jeunes filles, après la loi Camille Sée. Le collège féminin s'est installé dans la villa Baratoux, une demeure bourgeoise du 19e siècle, qui accueille l'administration du lycée. Après de premiers agrandissements dans les années 1930, il a été inauguré le 29 mai 1938 par le président de la République, Albert Lebrun, accompagné, entre autres, du ministre de l’Éducation nationale, Jean Zay.

   L'accroissement de ses effectifs a nécessité deux agrandissements, à la fin des années trente et après la Seconde Guerre mondiale. Ils sont dus à deux architectes majeurs de la production bretonne : Georges-Robert Lefort et Jean Fauny, des personnalités qui ont su allier principes modernes d'architecture et idée régionale. Ils ont également donné les plans des deux gymnases.

  Le lycée est richement décoré, sans compter les décors de la villa Baratoux (à l'origine : la généralisation des programmes de décoration des établissements qui a inspiré les rédacteurs du décret de 1951, connu sous le nom de 1% artistique).

   Cette richesse est significative de la volonté de décoration des établissements d'enseignement initiée par le ministre Jean Zay, à l'époque du Front populaire.

   Ce lycée est labellisé "architecture contemporaine remarquable".

Interdit.jpg

Lycée Rabelais

   Le lycée Rabelais n'a certes pas le vécu de ses deux ainés; mais l'Histoire se juge-t-elle en nombre d'années ? ... Quand on ouvre ses portes en septembre 1967 pour clore son premier exercice scolaire en Mai 68 ! De plus, c'était la première année de mixité.

Anatole Le Braz  (1859-1926)

   Le nom d’Anatole Le Braz demeure attaché à "La légende de la mort", son grand succès littéraire. Chantre de la Bretagne, écrivain, journaliste, ethnologue, universitaire, ce natif de Saint-Servais fut à la fois le collecteur passionné de la culture populaire bretonne et le fin observateur des mutations de la péninsule à la croisée des XIXe et XXe siècles.

   Anatole Le Braz a été élève du lycée de Saint Brieuc de 1871 à 1878, étudiant à Paris, puis professeur à Quimper et Rennes. Cet établissement briochin où il a fait ses humanités porte désormais son nom.

   Tout en enseignant, il a écrit de nombreux ouvrages relatifs à la Bretagne, notamment "La légende de la mort en basse Bretagne", un recueil de différentes légendes collectées par Le Braz. Le succès sera au rendez-vous et le livre sera réédité quatre fois du vivant de son auteur qui, ainsi, commence à connaître la notoriété au-delà des frontières bretonnes. La légende de la mort est donc l’ouvrage majeur de Le Braz, comme il l’est pour toute personne voulant s’imprégner de la civilisation traditionnelle bretonne.
   Épuisé par les efforts comme par les drames personnels, Anatole Le Braz prend sa retraite prématurée en 1921.. Atteint d’une leucémie, il part se soigner près de la Méditerranée, à Menton. L’Ankou passera jusque là le chercher, le 20 mars 1926, jour où il est terrassé par une hémorragie foudroyante à l’âge de 66 ans. Deux ans plus tard, les cendres de celui qui demeure une des meilleures plumes de la littérature bretonne sont rapatriées à Tréguier.
   On peut voir son monument funéraire au bois du poète à Tréguier, un monument avec sa conteuse à Saint-Brieuc et une stèle, érigée devant l’établissement, qui rappelle les principaux personnages de ses œuvres.

Photo Anatole.jpg

Quel point commun peut-on trouver dans les biographies de Renan et Le Braz ?

Cliquez sur ce lien pour découvrir leur engagement commun ........

Ernest Renan (1823-1892)

Ernest.jpg

   De "L’avenir de la science" à "L’examen de conscience philosophique" (1889), pendant quarante ans, Renan est resté fidèle à ses options initiales. Qu’il traite d’histoire, de morale, de philosophie, ou de critique littéraire, ce sont toujours les mêmes traits qu’il révèle : négation du surnaturel, confiance en la nature des lois, affirmation de la primauté de l’esprit … Aussi n’est-il pas excessif de dire que l’œuvre de Renan résume à elle seule, le XIX è siècle français. L’homme qui a donné son nom au lycée est né en 1823 à Tréguier dans les Côtes-d’Armor. Ses succès scolaires le font admettre au séminaire de Saint-Nicolas du Chardonnet à Paris : sa carrière ecclésiastique est toute tracée. Mais l’esprit critique dont il fait preuve dans l’examen de textes ébranle ses convictions religieuses : il renonce à la prêtrise. Il passe alors l’agrégation de philosophie, à laquelle il est reçu premier et commence une brillante carrière universitaire.

 

   Passionné de philosophie, il écrit l’histoire des langues sémitiques. Chargé d’une mission archéologique en Palestine, il y écrit "La Vie de Jésus" qui connaîtra un succès considérable. A son retour en France, il est nommé professeur au Collège de France où sa leçon inaugurale fait scandale . N’y présente-t-il pas Jésus comme « un homme incomparable » ? Révoqué, il se consacre à l’Histoire des Origines du Christianisme. En 1870, il est réintégré. C’est la période des succès, des publications multiples, des honneurs . Il est élu en 1878 à l’Académie française.

 

   En 1883 il publie ses "Souvenirs d’enfance et de jeunesse" qui reprennent la célèbre "Prière sur l’Acropole". Homme de réflexion, homme d’une profonde culture, historien authentique, écrivain de talent, il a suscité les plus vives polémiques.

 

   L’exemple d’un homme qui a consacré sa vie à la recherche de la vérité sans hésiter à se remettre lui-même en cause, lié à sa Bretagne natale mais portant loin son regard dans l’espace et le temps, ne peut être que vivifiant pour l’esprit des lycéens d’aujourd’hui.

François Rabelais  (1494-1553)

   Né à Chinon en 1494, fils d'avocat, François Rabelais entre à l6 ans chez les Franciscains de Fontenay-le-Comte qu'il quitte à 29 ans pour l'ordre des Bénédictins. Moine étudiant en droit, attaché à l'évêque de Poitiers, il opte bientôt pour la médecine à laquelle il s'initie Montpellier.

   On le retrouve médecin-chef à l’Hôtel-Dieu de Lyon où il publie Pantagruel en 1532, récit de hauts faits en apparence peu sérieux du fils du géant Gargantua, héros de la littérature que diffusent les colporteurs.

   Bien que la Sorbonne - alors faculté de Théologie - ait condamné le livre pour obscénité, son auteur est devenu médecin particulier de l'évêque de Paris, le cardinal du Bellay, qu'il accompagne dans ses déplacements à Rome. Entre deux voyages en Italie, il publie Gargantua en 1535 qui connait le même succès et la même censure.

Rabelais.jpg

   François Rabelais n'en est pas moins autorisé par le Pape à réintégrer l'ordre des Bénédictins avec le droit de pratiquer la médecine à l'exception de la chirurgie - l'Église craignait de blesser les âmes en ouvrant les corps - ce qui ne l'empêche pas de pratiquer des dissections clandestines. Entre temps il avait obtenu du Saint-Père la légitimation de ses deux enfants, nés d'une veuve parisienne.

   Poursuivant ses activités de médecin, d'ecclésiastique et d'écrivain, il donne une suite à son œuvre (le Tiers Livre et le Quart Livre) et meurt à Paris en 1553.

L'HUMANISTE

   Nourri de Platon qui fait de l'épanouissement de l'homme le but de toute philosophie et de toute action, Rabelais a choisi délibérément le camp de l'humanisme dans une Europe déchirée par les conflits religieux et dont les princes vont bientôt se rallier à la pensée pragmatique de Machiavel, le Florentin, qui publie « Le Prince » en 1532, et fait prévaloir la raison d'État et la réussite politique, par tous les moyens.

   Disciple d'Érasme (1466-1536) en qui il « voit un invincible combattant de la vérité », sa démarche est celle de l'évangélisme qui prône une foi directement inspirée de l'Évangile, dépouillée de toute superstition et débarrassée des fastidieux offices religieux. Il n'y a pas d'église dans l'Abbaye de Thélème édifiée par Gargantua car la parole de Dieu y est omniprésente et inspire le libre exercice de la volonté : « Fay ce que voudras » en est la devise.

   Mais, cette confiance en l'homme et en son libre-arbitre heurte à la fois la Sorbonne et les théologiens de la Réforme, Luther et Calvin. L'intransigeance religieuse et la raison d'État l'emporteront. François 1er, un temps favorable à l'évangélisme et fondateur du Collège des lecteurs Royaux (futur Collège de France) pour faire pièce à la Sorbonne, pourchassera les « hérétiques » après l'Affaire des placards (1537) ; Henri VIll d'Angleterre fera décapiter Thomas More, l'auteur de l'Utopie, évêque et grand chancelier (1535) ; et Calvin fera brûler le médecin humaniste Michel Servet qui s'était réfugié à Genève.

LE PEDAGOGUE

   Comme tous les humanistes, Rabelais accorde une grande place à l'« institution » (l'éducation). Il s'en prend violemment à l'enseignement des Collèges (qui dispensaient l'enseignement secondaire et supérieur) réduit à des apprentissages formels qui sécrètent le pédantisme et un langage de cuistre.

   A ce savoir des « Rêveurs matéoligiens » (diseurs de rien) il oppose une éducation que l'on qualifiera plus tard d'encyclopédique embrassant le cercle entier des connaissances, régie par un équilibre entre les disciplines intellectuelles (langues, science, musique), physiques (jeux, exercices corporels, danse), morales et sociales (religion, règles de vie sociale). Une éducation fondée sur le contact direct avec l'objet de connaissance : avec le texte et non les commentaires ; observation de la nature, du mouvement des astres ; apprentissages par le jeu, la manipulation (on apprend les mathématiques en jouant aux cartes et aux dés !), la découverte des métiers, la pratique de la natation, de l'escalade, des haltères... bref, une pédagogie exemplaire marquée par l'activité, le dialogue, l'exercice permanent de l'esprit critique et qui permet d'assurer le passage de l'état d'enfance à celui de culture.

L'ECRIVAIN

   François Rabelais est aussi l'un des fondateurs de la langue française, sans doute le plus grand créateur de notre littérature. Il a enrichi son vocabulaire d'innombrables termes puisés dans le langage régional et populaire ou forgés par lui-même à partir du grec ou du latin. Nul mieux que lui n'a su faire la synthèse de l'usage et de la connaissance.

   Grand manieur de mots, il leur donne une couleur et une musique quatre siècles avant Baudelaire et le célèbre sonnet « Voyelles » de Rimbaud : dans un épisode étonnant du Quart Livre, Pantagruel qui vogue en Quête de la « Dive Bouteille » jette sur le pont du navire « de pleines poignées de paroles gelées ressemblant à des dragées perlées de diverses couleurs » et demande à ses compagnons de les réchauffer entre leurs mains pour « les entendre matériellement ».

   Il arrive même à notre auteur de se perdre dans la bouche de son héros Pantagruel, absorbé par l'univers fictif qu'il a lui-même élaboré puis restitué au monde extérieur bien vivant et enrichi. C'est une manière d'inviter ses « bons disciples » à accomplir le même voyage dans sa propre parole pour en sortir tout imprégnés de « Pantagruélisme ».

Daniel MOREL

bottom of page