Intranet A.A.S.
(Texte explicatif provisoire)
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Présidente
Marie-Hélène Phély-Bobin
Vice-Présidente
Françoise Lucienne
Secrétaire
Martine Duteriez
Maurice LE LANNOU 1906 - 1992
Notice de présentation du dossier établie par Daniel Morel
(7 décembre 1997)
Il naît à Plouha en 1906, chez ses grands-parents maternels. Son père, fils de paysans de Pleumeur-Bodou, est instituteur, sa mère, employée chez son propre père, artisan-tailleur, originaire des Monts d'Arrée, sédentarisé après une activité de tailleur-colporteur.
La famille quitte Plouha pour l’École Baratoux à Saint- Brieuc : elle y est logée, le père y enseigne et l'enfant, scolarisé. Après trois années à Guingamp, père mobilisé en 1914, de retour au chef-lieu, il entre en 1917 au lycée de Saint-Brieuc. Excellent élève, remarqué en particulier et conseillé par son professeur de philosophie, Georges Palante, il est admis en 1924 en classe préparatoire au Lycée Henri IV à Paris. Reçu à l’École Normale Supérieure de la rue d'Ulm, il est agrégé d'Histoire en 1932.
. Professeur au Lycée de Brest, de 1933 à 1935,
. Séjourne deux années en Sardaigne pour y préparer une thèse de géographie.
. Professeur au Lycée de Rennes et chargé de conférences à la Faculté des Lettres, de 1937 à 1945, il est reçu Docteur ès Lettres en 1942 avec pour thèse « Pâtres et Paysans de Sardaigne ».
. Maître de Conférences à la Faculté des lettres de Rennes, de 1945 à 1947.
. Professeur à la Faculté des Lettres de Lyon de 1947 à 1969.
. Élu au Collège de France en 1969 pour y créer la chaire de Géographie du Continent Européen.
. Retraité en 1976, frappé d'hémiplégie en 1987, il meurt à Plouha en 1992.
Enseignant-chercheur, spécialiste en particulier de la Bretagne, de l'Italie, du Bassin méditerranéen, du Brésil, du Proche-Orient, il acquiert une renommée internationale par son enseignement, ses interventions à l'étranger et ses nombreuses publications.
La bibliothèque de l'Association des Anciens Élèves du Lycée et Collège Anatole Le Braz
et du Lycée Renan, soucieuse de mettre en lumière sa vie et son œuvre, s'est constitué :
Un Fonds Maurice Le Lannou
Itinéraires de Bretagne, « Guide géographique et touristique », Ed. J.B. Baillière,
1938... Tableau d'une société aujourd'hui disparue, qui propose, sans recherche de pittoresque, des circuits de découverte de la vie maritime, rurale, urbaine, où s'imbriquent dans la géographie des lieux, les marques de l’histoire générale et locale, les activités économiques, les évolutions démographiques dans un équilibre qui semble être à son apogée, à la veille d'un déclin qu'on ne pouvait pas encore pressentir.
Pâtres et Paysans de Sardaigne, Tours, Arault, 1942,
2° édition française, Cagliari, « La Zatterra » 1971 ..., 3 éditions en italien, jusqu'en 1984.
Œuvre majeure qui place son auteur parmi les grands spécialistes de la géographie du monde
méditerranéen, marquant le début d'une grande carrière et d'une renommée internationale. Ayant sillonné la Sardaigne en moto, muni d'un appareil photo et surveillé par la police de Mussolini, il a fait découvrir une « terra incognita », encore antique, où pâtres nomades et paysans sédentaires se disputent la terre, forgeant d'entrée de jeu le concept qu'il ne cessera de développer et d'illustrer tout au long de son enseignement et de son œuvre, celui de la géographie humaine, science de l'Homme Habitant.
Cette thèse, saluée par ses pairs comme un événement essentiel de la recherche géographique, est aussi marquée par une écriture limpide, enjouée qui fait dire à un éminent géographe de l'époque : « Le plaisir et le profit qui attendent le lecteur s'augmentent de la fréquentation de bonnes photographies et d'une profusion de figures intelligentes et expressives. Enfin, si le style, c'est l'homme, M. Le Lannou m'apparaît comme un joyeux compagnon, car son livre est écrit d'une plume alerte et respire tout au long l'entrain, la bonne humeur, ainsi que la sympathie pour les hommes et les choses »...
(Raoul Blanchard, Revue de géographie alpine, 1942)
Historien-géographe éminent, Maurice Le Lannou, est aussi un grand écrivain
La géographie humaine, Flammarion, 1949.
Il y expose sa conception de la géographie comme « science de l 'Homme-Habitant »... « Je préfère, écrit-il, voir en lui moins l'utilisateur de la terre que son habitant, étant entendu que je donne à ce mot, son sens le plus plein, du laboureur qui scrute les couleurs de l'aube, citoyen conscient de son appartenance à une communauté. » Il poursuivra et approfondira cette profession de foi en affirmant plus tard que, loin d'être seulement la science des faits de la nature terrestre, la géographie est « une science morale et politique dont les thèmes engagent singulièrement l'homme et le citoyen. »
La géographie de la Bretagne, deux volumes publiés de 1950 à 1952, à Rennes, Ed. Plihon.,
Une étude de la péninsule qui, dans une fine analyse, d'une extraordinaire précision et étayée par l'histoire, fait autorité pour la connaissance de la Bretagne d'après-guerre.
La France Méridionale, Ed. S.D.E.S. (Société des Editions De l’Enseignement Supérieur),
2 tomes, 1964
Le Déménagement du Territoire, rêveries d'un géographe, Paris, éditions du Seuil, 1967...
« Astucieuse trouvaille verbale qui valait presque un pamphlet » (Maurice Agulhon)
On commence à dresser la carte de la lune ; mais que savons-nous de notre terre ? La révolution technique au fait de l'homme un migrant ou un touriste, qui perd le contact et la connaissance de l'environnement nature L' "homme habitant" disparaît, et avec lui s'affaiblit l'homme citoyen, car la ville, coupée de la campagne, se déséquilibre.
Europe Terre promise, Ed. Du Seuil, 1977.
Le professeur y a synthétisé une série de réflexions et d'interrogations issues de ses leçons et recherches au Collège de France pendant ses 7 années d'exercice. Il n'y cache pas son inquiétude quant au devenir du « continent » qui, affirme-t-il, n'en est pas un géographiquement et s'inquiète d'une régression culturelle par l'« américanisation » des sociétés européennes. Il dit ne pas être personnellement un « européen de foi », mais davantage un « européen d'opportunité ».
La Bretagne et les Bretons, Paris, Presses universitaires de France, 1978, 2° éd. 1983.
Son auteur, bretonnant natif, y réfute les affirmations ethnicistes des « disciples » de l'historien
monarchiste, la Borderie (1827-1901). Il s'efforce de dresser de la Bretagne des années 1970, un tableau d'historien-géographe qui s'en tient aux faits en dehors de toute mystique identitaire. La Bretagne, à ses yeux, constitue une communauté parmi d'autres, avec ses spécificités et ses différences, bien insérée dans l'histoire de la Nation française. La notion de « peuple breton » lui est totalement étrangère.
Un Bleu de Bretagne, Souvenirs d'un fils d'instituteur de la III République, Paris, Hachette, 1979.
Un document exceptionnel sur une société qui s'est effacée, témoignage unique par son contenu sociologique chargé d'une émotion maîtrisée par l'humour, relation d'une enfance et d'une adolescence vécues dans le Trégor, le Goélo, à Guingamp, le pays de Saint-Brieuc.
On peut en résumer l'esprit par la conclusion du second chapitre, où la foi dans l'Avenir élimine tout sentiment d'un paradis perdu : « la terre bretonne est en train de passer, comme sont passés ses anciens colportages. Il reste que j'aurai tiré mon origine de deux sociétés déchues qui n'ont pu, mourantes, me léguer que des images inutiles. Je devrai tout aux instituteurs de la IIIème République. »
Saint-Brieuc, Paris, Ed. Du Champ Vallon, 1986.
C'est sans doute sa dernière publication, écrite quelque temps avant son attaque cérébrale. Il s'agit d'une évocation de « sa » ville, dans le prisme de ses premières années, marquées par des souvenirs de convivialité renouvelée à l’occasion de festivités diverses : la Foire Saint-Michel où son père ne manquait pas de déguster une tranche de morue sur le pouce en compagnie de citadins et de ruraux d'alentour, les courses cyclistes dans la poussière du Champ de Mars, les processions nocturnes à la lueur de bougies que des mécréants postés sur le parcours s'amusaient à souffler, les Courses sur la Grève de Cesson avec son public populaire massé sur les côtes et les marchandes de petits crabes cuits, la fête des Chocards à Yffiniac, le 14 juillet dans le Parc de la Préfecture ouvert à cette occasion, etc... Il chante littéralement le Saint-Brieuc des vallées, des viaducs, de ses solides édifices publics, de ses rues et places pavées de l'incomparable granit bleuté des carrières de Gouédic.
Il ne manque pas, ce faisant, de fustiger l'urbanisation qu'il dit incohérente des décennies d'après-guerre et qui a défiguré et déshumanisé, par exemple, le quartier de Ginglin et ses environs...
... « Saint-Brieuc a manqué ses banlieues », écrit-il.
Il déplore aussi la substitution au « solide, granitique, classique et non extravagant palais de la Préfecture déclaré désuet.....une bâtisse noire et jaunâtre, « fonctionnelle » mais horrible, qui ne comporte guère de pierre et jure abominablement avec la cathédrale à laquelle elle fait face ».
...On pourrait prolonger ces quelques notes sur ce petit chef-d’œuvre aujourd'hui introuvable en librairie, écrit au soir de la vie d'un historien-géographe passionné, qui a parcouru, pour les déchiffrer, bien d'autres lieux de par le monde, le plus souvent donc absent de Saint-Brieuc, et qui rend un ultime hommage à Saint-Brieuc une ville entre « des villes » :
« ...Ma ville, je l'aime, tout en la sachant comme tant d'autres, dépendante et violée, et je veux pouvoir la mettre au-dessus des autres en reconnaissant qu'elle n'en a pas toutes les perfections sous ses verrues, et je la retrouverai toujours , comme une partie de mon être, d'homme et de citoyen . »
Autres publications, absentes encore de notre fonds,
. Pêches et pêcheurs de la Bretagne atlantique, Paris, Armand Colin 1944.
. Le Brésil, Armand Colin, 1955, 5° édition en 1971, traduction portugaise, 1957
. Le Nouveau Brésil, en collaboration avec Nice Lecocq-Muller, Armand Colin, 1976
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Activités, expertises et distinctions à l'étranger :
. 1945-1946 : Premier expert de la Commission des Quatre Grands pour la délimitation de la frontière italo-yougoslave (mission de Trieste, conférences de Londres et de Paris).
. 1947 : Professeur visitant à l'Escola Livre de Sociologia e politica de Sao-Polo (Brésil)
. 1950-1963 : Membre du Conseil d'enseignement du Collège d'Europe (Bruges)
. 1960-1976 : Directeur de l'Institut de Géographie du Proche-Orient (Beyrouth)
Distinctions :
. Docteur honoris causa de l'Université de Sassari (Sardaigne)
. Chevalier du Mérite de la République italienne.
. Membre d'honneur de la Société de Géographie de Belgrade (Bulgarie)
. Membre correspondant de la société royale néerlandaise de Géographie.
Décorations liées à ses services militaires et à son engagement dans la Résistance :
. Croix de Guerre avec palme, 1939-1945
. Médaille de la Résistance,
. Médaille du Combattant volontaire de la Résistance,
. Chevalier du mérite militaire.
Autres distinctions :
. Grand Officier de la Légion d'Honneur,
. Commandeur des Palmes Académiques.
Les Anciens de son Lycée, Saint-Brieuc, sa ville, ne peuvent que s'honorer d'un condisciple et d'un concitoyen d'une telle valeur et se doivent de faire connaître et de transmettre aux générations présentes et futures la richesse de la vie, des travaux, de la pensée et des engagements de Maurice Le Lannou.
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...d'autres éléments viendront le compléter, avec si possible, le concours de personnes susceptibles d'apporter des renseignements complémentaires ou des témoignages.
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